Trinh Xuan Thuan est professeur emerite d’astrophysique a l’universite de Virginie, a toutes les Etats-Unis. Bouddhiste et specialiste des galaxies, il a ecrit bon nombre d’ouvrages sur la spiritualite et des sciences. Son soir livre, « Mondes d’ailleurs », reste publie chez Flammarion.
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Espace : « Explorer l’inconnu fait la noblesse de l’homme »
Le professeur emerite Trinh Xuan Thuan.
Notre Croix L’Hebdo :Le telescope spatial James Webb va, par exemple, observer des premieres etoiles et les premieres galaxies. Pourquoi votre quete perpetuelle des scientifiques Afin de remonter au debut de l’Univers ?
Trinh Xuan Thuan : Il semble profondement humain de vouloir savoir d’ou l’on vient. Si les etoiles n’existaient pas, nous ne serions gui?re la pour parler d’elles. Au depart de l’Univers, les seuls atomes sont l’helium et l’hydrogene, qui sont encore aujourd’hui des plus abondants. Mais ni l’helium ni l’hydrogene ne donnent le quotidien. Il a fallu la naissance des etoiles afin que nous soyons aujourd’hui a discuter autour de cette table.
Avec la theorie du big bang, l’Univers acquiert une histoire, avec un passe, un present et un futur. L’etre humain souhaite connaitre sa place dans une telle histoire cosmique qui est aussi la sienne. Explorer l’inconnu n’est ni pretentieux ni vain, c’est au contraire ce qui fait la noblesse de l’homme. Je pense que se contenter de satisfaire les besoins physiques, sans reflexion spirituelle, sans chercher plus loin, c’est perdre une humanite.
Vous parlez de reflexion spirituelle, est-ce qu’un scientifique devra justement s’inscrire dans une telle quete ?
T. X. T : Vous n’avez inutile d’une quete de sens pour etre un bon scientifique. Mais personnellement, et ce n’est pas le cas de l’integralite des chercheurs, j’ai besoin que l’Univers ait un sens. Que notre presence dans l’Univers ait un sens. Nous vivons sur une planete rocheuse orbitant autour d’une etoile quelconque qui est dans une banlieue en Voie lactee. Voie lactee qui n’est elle-meme qu’une parmi nos quelque 300 milliards de galaxies dans l’Univers observable. Il y a sans doute des milliards de planetes habitables et notre presence semble si insignifiante.
Pourtant, quand je contemple l’ordre et l’harmonie de l’Univers a travers un telescope, devant J’ai magnificence des bras spiraux des galaxies et la splendeur des pouponnieres d’etoiles, je me dis que bien i§a ne pourra gui?re etre l’effet du hasard. Je suis bouddhiste, je ne souscris donc gui?re au concept d’un dieu createur personnifie, mais j’imagine qu’il y a 1 principe createur. Cela n’y avait aucun besoin de creer toute une telle beaute et pourtant celle-ci existe. J’imagine aussi que l’Univers tend par la vie et la conscience. Pourquoi coder une telle harmonie si personne ne peut l’apprecier ?
Une vision spirituelle devra donc irriguer la science ?
T. X. T : Non, ne melangeons gui?re tout. Dans le cas, nos preceptes bouddhistes n’influencent nullement faire mes recherches scientifiques. J’ai science a ses propres methodes, rigoureuses. Sans donnee, sans observation, la science devient metaphysique et ce n’est pas le role. Il ne faut pas utiliser des arguments scientifiques Afin de prouver l’existence de Dieu dans la religion chretienne, entre autres. L’un n’a inutile de l’autre, ainsi, l’un n’est gui?re superieur a l’autre.
Par contre, prendre en compte la spiritualite ou les arts ou n’importe quel domaine enrichit notre vision du monde. Pour le chercheur tel pour n’importe qui. L’eclairage d’autres secteurs confere de nouvelles perspectives. Notre peinture de Monet m’en apprend autant via la lumiere que des observations au telescope, mais de facon completement differente.
L’un des concepts forts du bouddhisme est celui de l’interdependance. Quand je regarde votre table, j’imagine aussi a l’arbre, au menuisier, aux outils du menuisier. En meme maniere, science et spiritualite seront interdependantes. Complementaires mais non substituables. C’est tel observer un paysage depuis deux fenetres diverses, l’une scientifique l’autre spirituelle. La vue du vrai reste plus riche et complete.
Le telescope James Webb a coute pres de dix milliards de dollars. Beaucoup s’interrogent, voire denoncent une telle depense, surtout face a l’urgence climatique…
T. X. T : il va i?tre facile de dire que l’on aurait pu choisir ces dix milliards pour sauver la planete a l’espace. Neanmoins, je ne suis gui?re sur que des politiciens les auraient depenses pour ca… Je crains plutot des depenses militaires.
Sauver la planete, c’est le plus urgent. Mais agir concernant le climat n’exclut pas de mener aussi des recherches scientifiques. Faisons les 2. Je refute l’ensemble de ceux qui disent qu’il y a tellement de problemes sur Terre qu’on ne devrait https://datingmentor.org/fr/talkwithstranger-review/ jamais chercher a saisir l’Univers. Sans compter qu’au-dela d’une quete des origines qui fait honneur a l’esprit humain, la science fondamentale se trouve dans la totalite des objets du quotidien. Vous avez mis le GPS via ce telephone Afin de venir jusqu’ici ? Vous avez utilise la theorie en relativite d’Einstein. Notre miniaturisation de l’electronique provient des besoins des missions spatiales. Et les vaccins contre le Covid-19 ! Nous ne serions pas sortis de confinement s’il n’y avait eu des decennies de recherches sur l’architecture des virus.
Les nations prosperes paraissent celles qui s’engagent dans la science fondamentale. Meme si l’on n’a aucune certitude concernant ce que l’on va trouver, j’habite persuade qu’investir dans des grands projets scientifiques comme le telescope James Webb changera profondement notre vision de l’univers.